À une époque où le développement durable est devenu un enjeu majeur pour l’ensemble de l’humanité, les industries traditionnellement considérées comme polluantes se doivent de suivre le mouvement et faire des efforts.

Comment se positionne le secteur de l’imprimerie écologique par rapport à ces enjeux ?

Nous allons voir que l’industrie de l’imprimerie a su, depuis quelques années, commencer une transition que l’on peut qualifier de très encourageante, que ce soit en changeant les matières premières utilisées ou en adoptant des technologies et des pratiques plus respectueuses de l’environnement.

En France, l’impulsion a été donnée par le label Imprim’Vert , mais certains imprimeurs vont encore plus loin en prenant des mesures complémentaires pour limiter leur impact sur l’environnement.

Le label Imprim’Vert : Qu’est-ce que c’est ?

Le Label Imprim’Vert est une marque créée en septembre 1998, par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat de Loir-et-Cher et la Chambre Régionale de Métiers et de l’Artisanat du Centre, qui a pour objectif de « favoriser la mise en place par les entreprises exerçant des activités d’impression d’actions concrètes conduisant à une diminution des impacts de l’activité sur l’environnement ».

C’est donc au départ une initiative locale qui s’est propagée à l’ensemble du territoire national, mais aussi à l’Union Européenne (même si elle n’est pas généralisée au niveau européen).

Aujourd’hui, les acteurs œuvrant pour le label sont plus nombreux :

  • les Chambres de Métiers et de l’Artisanat
  • les Chambres de Commerces et d’Industries
  • l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)
  • les Agences de l’Eau, les Conseils Régionaux
  • la DGCIS (Direction Générale de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services)
  • les professionnels du secteur via l’UNIC (Union Nationale de l’Imprimerie et de la Communication).

Comment ça marche ?

Les sites de production d’imprimés d’information, de communication, d’emballage ou de production de formes imprimantes nécessaires à la réalisation d’imprimés peuvent demander l’obtention du label en s’adressant au référent Imprim’Vert dont ils dépendent.

Ce référent réalisera un diagnostic et transmettra le dossier à un comité d’attribution qui statuera sur l’attribution du label. La marque sera exploitée pour une année civile et pourra être renouvelée pour une deuxième année si l’entreprise en fait la demande et qu’elle justifie du respect du cahier des charges.

Pour le renouvellement de la troisième année, une visite de contrôle sera effectuée par le comité d’attribution.

Quel est le cahier des charges ?

Le bénéficiaire du label devra scrupuleusement respecter 5 critères en :

  1. éliminant, au moins une fois par an, en suivant les règles en vigueur, des déchets comme les chimies des plaques et films usagées, les solvants de nettoyage usagés, les chiffons utilisés, les cartouches jet d’encre et toner, les boîtes d’encre, les déchets liquides ou pâteux, les solutions de mouillage usagées, les déchets d’équipements électriques et électroniques, les emballages souillés et les eaux de dégravage.
  2. assurant la sécurité du stockage des liquides neufs dangereux et des déchets liquides qu’ils soient utilisés ou non.
  3. n’utilisant pas de produits « toxiques », c’est-à-dire comportant le symbole tête de mort
  4. menant des actions de sensibilisation de son personnel aux enjeux environnementaux et en mettant en place un plan de communication destiné à ses clients.
  5. élaborant un suivi trimestriel des consommations énergétiques et en le transmettant à chaque renouvellement de la marque.

Les mesures prises par les acteurs du secteur de l’imprimerie écologique

L’impression sur papier écologique

L’imprimeur peut décider d’utiliser du papier écolabellisé. Les deux labels les plus connus sont :

  • le label FSC (Forest Stewardship Council) : ce label est international et a été créé en 1993 par des associations de protection de l’environnement (Greenpeace , WWF) ainsi que des entreprises de bois et des propriétaires forestiers. Il assure que les ressources soient bien gérées, que des plantations compensatoires soient effectuées, que les droits des populations indigènes soient respectés et qu’une évaluation de l’impact sur l’environnement soit menée.
  • le label PEFC : ce label créé en 1999 assure une vraie traçabilité du bois utilisé pour produire du papier, de la plantation des arbres jusqu’à la vente du produit fini. Cette traçabilité sert à certifier une gestion durable des forêts, en édictant toute une série de règles concernant le renouvellement et la régénération naturelle de la forêt, le maintien de sa diversité, le respect de la faune, de la flore, des sols, des eaux et des paysages et sur les conditions de travail des acteurs du secteur. Par exemple, l’utilisation d’OGM est interdite et la conservation des arbres morts est obligatoire pour favoriser la biodiversité.

En tant que consommateur, si vous disposez d’une imprimante, vous pouvez aussi vous orienter vers ce type de papier pour apporter votre pierre à l’édifice.

Vous pouvez aussi privilégier des professionnels ou sites internet faisant appel à des imprimeurs respectueux de l’environnement.

L’utilisation d’encre végétale

L’imprimeur va délaisser les encres contenant des métaux lourds (cuivre, zinc, baryum) et du pétrole pour utiliser des encres végétales et certifiées « bio » à base de lin, de colza ou de soja.

Non seulement la qualité d’impression est toujours bonne, mais en plus certaines encres végétales permettent un meilleur travail des machines et une économie en papier.

Les autres techniques pour imprimer de manière écoresponsable

Les imprimeurs peuvent compléter leurs pratiques écoresponsables par le biais des technologies suivantes :

  • un vernis acrylique à l’eau moins polluant que les vernis classiques
  • le mouillage sans alcool : obligatoire aux États-Unis depuis plus de 30 ans, car nocif pour la santé des travailleurs et mauvais pour l’environnement (à cause de l’isopropanol qui détruit la couche d’ozone), il permet aussi d’économiser jusqu’à 20 % du papier
  • l’alimentation des encres par pompes automatiques qui permet une réduction des déchets
  • le calage (ensemble des étapes préparatoires à l’impression écologique jusqu’à l’obtention de la première feuille imprimée approuvée) robotisé qui permet des économies d’encre et de papier
  • l’aspiration des déchets de papier pour un meilleur recyclage

Conclusion

Régulièrement montrée du doigt comme mauvaise élève pour ce qui touche à la protection de l’environnement, l’industrie de l’imprimerie a entamé une mutation positive, que ce soit au niveau des matériaux utilisés ou des techniques employées.

Cette mutation devra se poursuivre, à la fois grâce à l’apparition régulière de nouvelles technologies moins polluantes, mais aussi par la définition de cadres juridiques au niveau national et européen forts et stricts démontrant ainsi une réelle volonté politique de changer les choses.