Si notre planète est composée d’eau à hauteur de 70%, seulement 1% de cette eau est potable, douce et liquide.

Pour nous, cette ressource nous parait illimitée, mais pourtant, 748 millions de personnes n’y avaient pas accès en 2015 (soit 10% de la population mondiale tout de même), du moins, pas à de l’eau saine. En l’état, et si rien ne change, ce nombre pourrait être multiplié par 2,5, laissant plus de 1,8 milliard de personnes en pénurie d’eau en 2025…

L’eau, une ressource théoriquement inépuisable

Si notre planète est majoritairement bleue en apparence, l’eau n’occupe en fait que 0,023% de la masse terrestre, et seuls 2,6% de cette eau est douce.

En principe, l’eau et le cycle de l’eau en particulier veulent que cette ressource soit illimitée. On la consomme avant de la rejeter par différents moyens.

Pour la faire simple, l’eau s’évapore, monte dans le ciel puis se condense avant de retomber de nouveau. Le problème auquel on fait face se situe davantage sur la quantité au niveau de l’eau douce, disponible à hauteur de 2,6% de l’eau totale. On la retrouve emprisonnée dans les glaciers (à 68%), les lacs, les nappes phréatiques (à 30%), les fleuves et les rivières.

Notre problème, c’est que l’on est arrivé à un stade où on consomme dans certaines zones plus d’eau que l’on en a à disposition.

Quand l’eau manque…

La mer d’Aral par exemple est en passe de disparaitre à cause de l’irrigation des cotonniers par les Soviétiques il y a 40ans. Le lac mead suit le même schéma, fournissant les besoins en eau d’une ville dans le désert, LAS VEGAS. Ce ne sont là que quelques exemples de pays qui consomment trop d’eau par rapport à leur faculté de récupération de cette ressource. Leurs nappes phréatiques s’assèchent et le béton empêche leur reconstruction.

On consomme de plus en plus d’eau, on est de plus en plus nombreux, le réchauffement climatique ne cesse également de croître et les problèmes de qualité et de répartition vont eux aussi devenir de plus en plus présent, cela va in fine augmenter ce qu’on appelle le stress hydrique. D’autre part, l’épuisement des nappes phréatiques accentue les risques de séismes, la Californie en a fait les frais.

Nous pourrions assister à l’émergence de différentes tensions :

  • privatisation de l’eau (exemples avec coca qui avait privatisé une nappe phréatique en Inde pour sa production, eh oui, il faut 2 d’eau pour faire 1L de coca)
  • hausse des prix de l’eau

Ce manque d’or bleu crée des tensions dans les pays où il se fait rare, comme au Kazakhstan, en Ouzbékistan ou au Turkménistan. La question de l’eau est par exemple une des principales causes d’un contentieux israélo-syrien depuis les années 60, à l’origine de la guerre des 6 jours.

La consommation mondiale de l’eau : toujours plus !

La consommation domestique (tirer l’eau du robinet pour boire et se laver) de l’eau est estimée à environ 10% de la consommation d’eau dans le monde, quand l’agriculture utilise 70% d’eau douce pour arroser les champs à travers le monde et l’industrie 20% (dont 2/3 servent à refroidir les centrales thermiques qui produisent notre énergie).

L’usage domestique

En France en 1975, un habitant consommait 106L d’eau par jour, alors qu’aujourd’hui on en consomme en moyenne 200L par jour par personne, soit 13 fois plus que les 15L accessibles en Afrique subsaharienne par jour par personne…

L’usage agricole

Nous l’avons dit, l’eau est majoritairement employée sur notre planète pour l’agriculture avec des techniques d’arrosage pourtant bien peu efficace, car pour chaque litre arrosé sur une plante, seuls 40cl servent à la nourrir, le reste s’évapore ou coule dans le sol.

Ainsi, consommer 1kg de viande coûte très cher en eau dite « virtuelle ». Avant de manger un bon steak, il faut élever une vache, qui consomme de l’eau et des céréales qui ont elles-mêmes consommé de l’eau. Comptez au total 3850L d’eau pour un steak de 250g.

En Inde, il faut 22 500L d’eau pour produire un kilo de coton ! Une eau totalement perdue, car une partie s’évapore pendant la fabrication tandis que le reste est trop pollué par les pesticides pour êtes réutilisé

Tout cela pour dire qu’on consomme bien plus d’eau que ce que l’on pense. Pour répondre à la demande alimentaire à venir, il faudra doubler la production agricole et trouver 4 500 km3 d’eau douce supplémentaire par an.

Un défi pour l’avenir afin de consommer moins d’eau serait donc , outre de sensibiliser chacun à sa consommation d’eau, de rendre l’irrigation plus efficace.

C’est de ce constat que sont nées deux nouvelles méthodes, l’hydroponie (faire pousser des plantes dans l’eau) et l’aéroponie (faire pousser des plantes dans l’air humide). Si cette dernière venait à être massivement utilisée, la quantité d’eau utilisée pourrait être divisée par 10 !

Autre problème : la qualité de l’eau

pénurie d'eau

L’eau viciée est indirectement la première cause de mortalité dans le monde, elle est vectrice de maladies comme le choléra (148 000 morts/an) ou la diarrhée (842 000 morts annuels) qui tue plus de 3,5 millions de personnes à travers le monde chaque année.

1,8 milliard de personnes s’abreuvent chaque jour à des points d’eau contaminés par des matières fécales, faute de système d’assainissement adapté.

Ses causes sont nombreuses, rejet de déchets dans les points d’eau (pollution médicamenteuse, matière fécale, viande périmée, végétaux, etc.) L’agriculture est aussi remise en cause avec ses rejets de nitrate et de pesticides qui sont absorbés par la terre jusqu’aux nappes phréatiques.

Nous-mêmes en temps qu’utilisateur employons des produits au quotidien qui améliore notre confort, mais sont difficile à traiter en station d’épuration.

La situation pourrait devenir critique dans les pays sans réglementation !

Nous sommes tous responsables. En achetant un t-shirt made in Bangladesh, les colorants utilisés pour sa fabrication vont être relâchés dans les eaux locales, il faut penser à l’impact de nos actes les plus insignifiants en apparence.

Un futur noir sans touche de bleu ?

Contrairement à ce que nous laissent croire nos robinets, l’or bleu n’est pas infini. Peut-être serait-il grand temps de questionner notre gestion de l’eau.

Dans le monde, plus de 80% des eaux usées continuent de n’être ni collectées ni traitées, il semble que le plus important pour les dirigeants soit de pouvoir « tirer » toujours plus d’eau.

Reste une lueur d’espoir avec de nouvelles techniques comme le dessalement de l’eau de mer qui est encore aujourd’hui trop cher et couteux en énergie, mais devrait s’imposer dans le futur. Il y a actuellement quelques 17 000 usines de dessalement à travers le monde tout de même, un marché porteur qui annonce une croissance de 10% d’ici à 2025

Mais peut-être que la solution n’est pas seulement curative (trouver les moyens pour pouvoir tirer toujours plus d’eau), mais bien préventive (se raisonner pour consommer moins).

Depuis 20 ans, le Centre d’Information sur l’Eau informe un large public sur la ressource, l’eau du robinet et l’assainissement en France.

Cet organisme de référence est reconnu dans le monde de l’eau (entreprises de l’eau, mais aussi acteurs institutionnels : ministères, agences de l’eau, élus locaux…).

Année après année, la notoriété du Centre d’Information sur l’Eau ne se dément pas, journalistes, enseignants ou professionnels de santé font appel à son expérience et son expertise qui reposent sur une écoute et une observation constantes des questions du grand public.